Pourquoi je suis mobilisée : Édith, prof au cégep

Le métier de professeure et de professeur au cégep n’est plus attrayant. Où est la solution? Dans la mobilisation!

En pandémie, les professeures et professeurs de cégep ont en l’espace de deux semaines offert leurs cours en ligne. Ils se sont démenés pour poursuivre leur enseignement, et ce, sans reconnaissance du gouvernement. Ils subissent encore aujourd’hui les contrecoups de la crise tout en souffrant de la pénurie de main-d’œuvre.

Ce n’est pas étranger au fait qu’Édith Pouliot soit impliquée au sein du Syndicat des professeures et professeurs du Cégep de Sainte-Foy (SPPCSF). Elle en est même la présidente depuis deux ans.

Une réduction de temps de travail pour avoir une vie normale

Édith Pouliot enseigne la sociologie au Cégep de Sainte-Foy depuis 2009. Son collège, elle le connaît à fond. Ce qu’elle ne reconnaît plus, ce sont ses conditions de travail.

L’alourdissement de la charge de travail est réel, avec la multiplication des comités, la reddition de comptes, sans oublier les actualisations et révisions constantes de programmes qui touchent présentement un professeur sur deux.

La tâche est tellement lourde que bon nombre de collègues d’Édith Pouliot choisissent de demander une réduction de temps de travail.

« Le 100 % n’est pas réaliste, sinon on travaille tous les soirs, et on fait toute notre correction la fin de semaine », explique la professeure.

Mais qui dit réduction de temps de travail, dit moins de salaire.

Pénurie de main-d’œuvre : au cégep aussi

Il se trouve encore des gens pour penser qu’un professeur de cégep fait un bon salaire. Effectivement, c’est un salaire décent, mais il faut se rappeler que ces travailleurs-là ont des baccalauréats et des maîtrises, et qu’ils peuvent gagner beaucoup plus en travaillant dans leur domaine.

Pour ces raisons, le Cégep de Sainte-Foy peine à trouver des professeurs. Le métier n’est tout simplement plus attrayant, déplore Édith Pouliot.

« Il y a des domaines dans lesquels c’est pire que d’autres, parce que c’est vraiment plus payant d’aller travailler par exemple en informatique ou en administration que de venir enseigner au cégep, souligne la professeure. Même en soins infirmiers, ils ont tellement besoin de vous à l’hôpital que c’est dur de trouver du monde. »

Lorsqu’on embauche enfin un candidat, il n’est pas rare qu’il quitte avant la fin de l’année. « Souvent des gens font une session, puis ils disent » Bon Dieu, c’est complètement fou! « . On finit la langue à terre », illustre Édith Pouliot.

« Ça prend une reconnaissance de ces enjeux-là de la part du gouvernement », martèle la présidente du SPPCSF.

« Ce qui est important en milieu collégial, c’est la réussite des étudiants, poursuit Édith Pouliot. C’est ça, notre mission. Pour que nos étudiants réussissent, eh bien il faut des profs dans la classe! Laissez-nous enseigner, laissez-nous faire notre travail. On a besoin d’être soutenus technologiquement, pédagogiquement, etc., et puis ça prend des sous pour ça. »

Des offres patronales qui offensent

Les professeures et professeurs de cégep sont en pleine négociation du secteur public, et les offres du gouvernement à la partie syndicale n’ont rien pour améliorer la situation.

L’augmentation de salaire famélique et la diminution de la rente du Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) sont autant d’offres du gouvernement qui ne passent pas.

« C’est vraiment ce qu’ils nous proposent, des reculs », commente Édith Pouliot.

« J’ai l’impression que le gouvernement se sert des services publics pour gérer l’inflation : « On ne va pas leur donner la même augmentation que dans le secteur privé, parce que sinon ça fait continuer la bulle inflationniste! » mimique la professeure. Mais ça ne nous sert pas comme société. Là, on est en train de former les citoyens de demain. Ça nous prend les bons profs. »

« Des fois, c’est tough de mobiliser les gens, mais on réussit. »

La solution passe par la négociation, et donc, par des membres mobilisés dans leurs syndicats respectifs. Plus facile à dire qu’à faire!

« On n’a pas une culture de radicaux, on a une culture de modérés », souligne Édith Pouliot.

« Je suis une grande optimiste dans la vie, poursuit la présidente du SPPCSF, alors j’ai vraiment espoir qu’avec le mouvement national qui est en train de se créer, qu’avec le Front commun, qu’avec les longues grèves qui ont provoqué des changements dans les deux dernières années, j’ai vraiment espoir de mobiliser les gens. »

Ce qui change dans cette ronde de négociation-ci, ce sont les liens que son syndicat crée pour la première fois avec les autres organisations syndicales du Front commun au cégep, comme le Syndicat du personnel de soutien du Cégep de Sainte-Foy, affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), et le Syndicat des éducatrices spécialisées et des accompagnatrices du Cégep de Sainte-Foy (CSQ).

Toutes ces organisations agissent comme une grande équipe en organisant des actions communes, et elles planifient cette année des rencontres intersyndicales d’information où tous les employées et employés seront conviés, ensemble. C’est toute l’idée derrière le Front commun.

« Tu sais, c’est rare qu’on se mélange autant que ça, confie Édith Pouliot. On a vraiment tissé des liens avec eux autres. Ça va nous aider pour la mobilisation, et pour la grève aussi. »

Après tout, les buts de tous ces membres sont les mêmes : donner les meilleurs services aux étudiants… sans s’appauvrir ni s’épuiser.

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