C’est quoi, la mobilisation?

L’action collective est un puissant moteur de changement dans les milieux de travail, et particulièrement lors de la négociation du secteur public.

La négociation collective des conditions de travail est un des éléments les plus essentiels du syndicalisme. Elle permet aux travailleuses et aux travailleurs d’exercer un rapport de force avec l’employeur afin de négocier des conditions de travail à la hauteur de ce qu’ils méritent.

Pourquoi se mobiliser?

Par solidarité. Pour apporter sa contribution. Pour faire avancer les droits des travailleuses et des travailleurs. Pour porter des causes sociales. Pour prendre part à l’histoire. Pour connaître ses droits et les faire valoir.

Mais aussi parce qu’on est fatigué. Parce qu’on est sous-payé. Parce qu’on voit notre rente fondre. Parce que la pénurie de la main-d’œuvre épuise notre équipe. Parce qu’un autre collègue est parti en invalidité. Parce que l’union fait la force!

Toutes les raisons sont bonnes, parce qu’au final, ensemble, on peut changer les choses. Les membres qui sont présents lors des activités de mobilisation donnent de la force à leur syndicat, puisqu’ils démontrent ainsi l’appui des travailleuses et travailleurs à ses revendications. C’est un élément essentiel du rapport de force qui permet de négocier de meilleures conditions de travail.

L’action

Afin d’exercer ce rapport de force essentiel pour que les demandes syndicales soient écoutées par la partie patronale, les membres de ces syndicats sont appelés à se mobiliser pour éventuellement exercer des moyens de pression.

Les actions de visibilité

On parle de quoi, au juste, comme actions? Faisons le tour.

  • Le port d’un objet de visibilité : le port d’un objet de visibilité est protégé par le droit à la liberté d’expression. Le message doit toutefois être non-violent, il ne doit pas ternir l’image de l’employeur ni être diffamatoire, et le fait de le porter ne doit pas contrevenir à une règle en matière de santé ou de sécurité au travail. Les mêmes règles s’appliquent lorsqu’il s’agit de modifier l’uniforme réglementaire de l’employeur.


Le chandail du Front commun, qu’on porte tous les jeudis… sans oublier le foulard tubulaire!

  • L’utilisation du courriel de l’employeur : les membres ont le droit d’inclure des messages syndicaux à la fin de leurs courriels professionnels, par exemple dans leur signature.

L’image distribuée par la Centrale pour insérer dans sa signature pendant la Négo 2023, disponible ici.

Attention : le texte doit être distinct par son emplacement et son contenu, afin que le destinataire comprenne bien qu’il ne s’agit pas d’un message ou d’une position de l’employeur. Le message ne doit pas non plus être menaçant!

  • La distribution de tracts : la distribution de tracts fait partie de la liberté d’expression des organisations syndicales… tant qu’on respecte certaines conditions! Lesquelles? Le message doit être exact, non diffamatoire ni illicite, et ne doit pas inciter ses destinataires à enfreindre la loi.
  • La distribution doit se dérouler sans coercition ni intimidation, que ce soit dans la façon de remettre les tracts ou dans la présence d’un trop grand nombre de personnes.
  • La distribution ne doit pas entraver l’entrée et la sortie des lieux.

Un commando de militantes et militants distribue des tracts aux usagers du métro pour leur expliquer les revendications du Front commun (juin 2023).

  • Le marquage à la craie : Le marquage ne sera pas vu comme un acte criminel s’il est fait sur le trottoir d’une municipalité, par exemple. Toutefois, s’il est fait sur une propriété comme l’entrée ou la cour de l’école, il pourrait s’agir d’un méfait.

Le Front commun a donné rendez-vous à ses membres devant le Conseil du trésor à Montréal pour encourager son équipe de négociateurs. (juin 2023).

  • Utilisation massive d’autocollants : c’est simple et très visible, et ce n’est pas interdit en soi. Mais il y a un mais! Un employeur peut obtenir une injonction pour que la pose d’autocollants cesse s’il arrive à prouver qu’elle cause des torts irréparables. De plus, si la colle endommage les biens de l’employeur, il peut intenter une poursuite pour dommages et intérêts. Finalement, les autocollants qui dégradent les biens publics peuvent aussi constituer un méfait au sens du Code criminel.


La Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ) fait voir ses couleurs sur un viaduc à proximité de la Cité-de-la-Santé, à Laval (avril 2023).

  • Le déploiement de banderoles sur les infrastructures publiques : les syndicats installent parfois des banderoles plus ou moins grandes pour attirer l’attention du public sur leurs revendications. On appelle ça communément le « drop » de banderoles, et c’est tout à fait légal dans certaines circonstances. Dans la mesure où la banderole est tenue par des personnes et qu’elle n’entrave pas le libre passage, cette action peut être menée dans la plupart des endroits lorsqu’elle est sécuritaire. Par exemple, tout en vérifiant la réglementation municipale, on pourrait déployer une banderole sur un viaduc ou en bordure d’un boulevard. Cependant, le déploiement d’une banderole sur une propriété privée ou sur une infrastructure pourrait mener à des accusations de méfait public.

Des membres de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) tiennent une banderole dans le cadre d’une opération de visibilité qui s’est tenue simultanément partout au Québec (mai 2023).

  • Les mobilisations éclair : une action de type mobilisation éclair, ou « flash mob », consiste à réunir spontanément des personnes pour faire une action de visibilité. Le point de rendez-vous est annoncé au dernier moment. Notons que la mobilisation éclair ne doit pas comporter de gestes illégaux comme du vandalisme.

Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville, surpris par des militantes et militants lors d’une mobilisation éclair à Rivière-du-Loup (mai 2023).

  • Les rassemblements : on parle ici généralement d’activités extérieures : des événements festifs avec scène, musique, animation, café, nourriture, etc. Ces rassemblements réunissent souvent les membres de la CSQ d’une même région selon les dates identifiées par les syndicats locaux.

Une militante et sa fille font une partie de serpents et échelles (version Front commun) lors du rassemblement de Sherbrooke à l’occasion du congrès de la Coalition avenir Québec (CAQ) (mai 2023).

Ne manquez pas la suite de ce dossier sur la mobilisation dans le prochain Bulletin Négo! Nous parlerons d’actions de perturbation : piquetage, manifestation, et bien sûr (parce que c’est sur toutes les lèvres), de la grève.

 

 

 

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